Abdul Kader El Janabi
André Breton,
l’histoire me ramène toujours vers vous

Les fenêtres sont ouvertes
et leurs rideaux scrutent votre devenir.
De sous la couverture de la pensée morte
je vous vois brandir un rêve
qui a la forme de vos mains.
Un phénix noyé de brume blonde se dresse
et vous lance un regard suffocant
car vous avez la beauté dans la bouche de mes ennemis.
Vous souriez :
indices des passions,
présages qui permettent
aux civilisations de se fondre aux corps célestes,
aux rues d’accumuler les cadavres mobiles
et aux fleurs de saigner les quatre vents.
Il n’y a pas d’oiseau assez curieux
pour forniquer avec une forêt.
Les vieux copains ne comptent pas.
Pour polir leur appel tempéré
ils ont forgé le langage de l’insomnie horizontale.
Ce sont des chiens dominés par les prêtres,
l’aiguille de la mort est leur symbole phallique
et je dirais même
qu’il faut être terriblement tenace
et plein d’une douleur grondante
pour se précipiter dans les chambres de leur
imagination.
Mais vous ne venez jamais à moi avec ce qu’ils savent.
Car je vous vois
comme un papillon de feu de bois
fendant les cascades du savoir,
comme une rutilante eau vive
dont la profondeur est une forme de l’ailleurs,
comme un monde épicurien gravé dans la pierre de la chair
par des doigts comparables
aux convulsions internes de sons discordants.
Puis je vous vois
ne touchant que le coeur des choses
et une vibration moussue
comme un crépuscule limpide
pénètre sur la pointe des pieds
dans mon sommeil très éveillé.
Vous tenez le fil
et je vois encore une curieuse enfance
plus forte que la mort
tressant d’invisibles sables,
figés sur les rivages de miroirs en éveil
partout où le mouvement des insurrections
chante sa réincarnation.
Le poème est un être
et l’histoire – ruche des ironies – n’est pas pressée
de voir qu’une ville balayée par le vent
est réservée
à vos printemps.



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